Un 1er février, décider de la refonte du site internet de Gus Adler & Filles.
Mi-février, lancer le travail en réunissant l'équipe et les prestataires.
En mars, s'interroger sur la pertinence de poursuivre le chantier quand s'installe le confinement et que l'avenir de Gus Adler s'obscurcit.
En avril, douter, beaucoup, quotidiennement, mais continuer pour les équipes et les prestataires qui se sont démenés et que l'on s'engage à payer.
En mai, douter toujours, et certaines heures, le regard privé d'horizon, penser que l'on mettra en ligne pour la beauté du geste.
Puis, en juin, se souvenir de ce texte de Paul Valéry, se réchauffer à ses mots, reprendre courage et mettre en ligne.
Gus Adler & Filles
Celui qui n'a jamais saisi – fût-ce qu'en rêve ! – le dessein d'une entreprise qu'il est le maître d'abandonner, l'aventure d'une construction finie quand les autres voient qu'elle commence, et qui n'a pas connu l'enthousiasme brûlant une minute de lui-même, le poison de la conception, le scrupule, la froideur des objections intérieures et cette lutte des pensées alternatives où la plus forte et la plus universelle devrait triompher même de l'habitude, même de la nouveauté – celui qui n'a pas regardé dans la blancheur de son papier une image troublée par le possible et par le regret de tous les signes qui ne seront pas choisis – ni vu dans l'air limpide une bâtisse qui n'y est pas –, celui que n'ont pas hanté le vertige de l'éloignement d'un but, l'inquiétude des moyens, la prévision des lenteurs et des désespoirs, le calcul des phases progressives, le raisonnement projeté sur l'avenir, y désignant même ce qu'il ne faudra pas raisonner alors, celui-là ne connaîtra pas davantage, quel que soit d'ailleurs son savoir, la richesse et la ressource et l'étendue spirituelle qu'illumine le fait conscient de construire.
Paul Valéry, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci